LE JOURNAL DES MILITANTS CALADOIS

Lettre du cœur d’un militant à bout, mais encore debout.

Ce soir, je suis triste.
Triste de voir le deuxième gouvernement Lecornu survivre à la censure.
Triste de voir ce pays sombrer un peu plus dans la parodie démocratique qu’il est devenu.
Reconduit vendredi dernier par un président sans peuple, soutenu par des députés sans courage, Lecornu reste à Matignon — non pas parce qu’il incarne une majorité, mais parce qu’il incarne le calcul.
Les petits arrangements, les trahisons de couloir, les “responsabilités” qu’on invoque pour mieux trahir le vote populaire.

Et moi, je suis dégoûté.

La vie d’un militant de gauche n’a rien d’un long fleuve tranquille.
C’est même tout l’inverse : un torrent, souvent sale, parfois glacé.
On entre dans le militantisme avec le cœur gonflé d’idéal. On croit qu’il suffit de tendre la main pour que le monde s’y engouffre.
On croit qu’en écoutant, en donnant la parole, en laissant la place, les gens s’impliqueront d’eux-mêmes.

Mais dans ce monde rongé par le capitalisme, rien n’est naturel.
Chaque geste est un combat.
On se bat contre la précarité qui nous bouffe notre temps, contre les appareils politiques qui écrasent les camarades trop sincères, contre le racisme, l’homophobie, le patriarcat qui étouffent la parole populaire.
Et, bien sûr, contre la police qui veille à ce que la rue ne parle jamais trop fort.

Ce soir, pourtant, tout cela me paraît si vain.
Le Parti socialiste a décidé de ne pas voter la censure.
Et c’est la goutte de trop.
Une lâcheté de plus, un espoir de moins.

Lecornu II : la caricature au pouvoir

Un gouvernement sans majorité, sans légitimité, sans honneur.
Un gouvernement composé de centristes recyclés et de droites défroquées, unis seulement par leur peur du peuple.
Lecornu, démissionnaire dimanche, re-nommé le soir même : une farce institutionnelle signée Macron.

Et quelle équipe !
Des ministres qui traînent leurs casseroles comme des décorations,
un fossoyeur du rail public qui a transformé la SNCF en usine à burn-out,
un ministre de la “Justice”, Darmanin, trop occupé à aller réconforter Sarkozy, condamné deux fois de suite par l’institution INDÉPENDANTE dont il doit être le garant.
Des cyniques à la manœuvre, des carriéristes en marche arrière.

Voilà le visage de “la rupture”.

Un budget de guerre contre les gens

Le budget Lecornu, c’est une déclaration de guerre sociale.

  • Fin de l’abattement des cotisations pour les apprentis.
  • Fin de l’aide au permis pour les jeunes.
  • Hausse des impôts par le gel de la CSG.
  • Gel des retraites, des salaires des fonctionnaires, des allocations pour les aidants.
  • Cinq milliards de coupes dans les budgets des collectivités.
  • Doublement des franchises médicales et de transport.
  • Et, comble du cynisme, une taxe sur les affections de longue durée.

Tout ça pour une “temporisation” de la réforme des retraites.
300 000 personnes partiront un an plus tôt, pour mourir un peu moins fatiguées, mais encore plus pauvres.

C’est ça, leur progrès.
C’est ça, leur justice.

La gauche qui oublie d’être à gauche

Et pendant ce temps, les députés socialistes, élus sur le programme du Nouveau Front Populaire, ont décidé d’oublier pourquoi on les a choisis.
Ils avaient promis la rupture avec le macronisme. Ils en deviennent la béquille.
Ils avaient promis la justice sociale. Ils offrent la stabilité budgétaire.
Ils avaient promis la dignité. Ils livrent la compromission.

Ce soir, je suis triste.
Triste, déçu, écœuré — et oui, honteux.
Honteux d’y avoir cru.
Honteux d’avoir défendu des candidats au nom d’un programme qu’ils n’avaient visiblement jamais lu.
Honteux d’avoir dit aux gens que la politique pouvait encore être une affaire de parole tenue.

Parce qu’aujourd’hui, ce n’est pas seulement la gauche qui est trahie.
C’est la confiance qu’on assassine encore une fois.
Et cette confiance, quand elle meurt, elle emporte avec elle un peu plus de démocratie.

Le Blues du militant

Ce soir, je n’ai plus de mots, juste une lassitude qui colle à la peau.
Je repense à tout ce qu’on a fait, à tout ce qu’on a cru possible, et je me demande à quoi tout cela sert encore.
À force de compromis, de renoncements, de trahisons, on finit par ne plus savoir ce qu’on défend vraiment.

Ce soir, je ne ressens ni colère, ni rage, juste une grande tristesse.
C’est une meurtrissure dans mon cœur de militant, un poids silencieux qui ne passe pas.
Parce qu’à force de vouloir changer le monde, on oublie parfois que c’est lui qui nous use.

1 réflexion sur “Lettre du cœur d’un militant à bout, mais encore debout.”

  1. gilles.lereveur

    La trahison des élites socialistes n’a pas de nom. Giscard en a rêvé Lecornu l’a réalisé. Un grand bloc des socialistes à ce qui reste des LR pour faire marcher la France sous le joug du capitalisme et le regard bienveillant du RN qui attend son heure.
    Qui peut encore adhérer au PS et se dire de gauche?

    Olivier Faure trahit sa parole et son engagement dans la NUPES à faire barrage à la folie capitaliste de Macron au nom, bien sûr, des valeurs de la gauche républicaine. J’aimerais connaître la liste de ses valeurs. Je pense qu’il s’agit surtout valeurs pécunières des millardaires à défendre à tout prix.
    C’est un triste jour pour les militants de gauche que de voir ses luttes et ses combats piétinés de la sorte.
    Honte au PS et au gens qui ne déchire pas leur cartes apès une telle trahison

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