Le multi-condamné Nicolas Sarkozy, d’abord pour « complicité de financement illégal de campagne électorale » puis pour « corruption active et trafic d’influence », comparaît encore devant les tribunaux dans l’affaire du présumé financement libyen de sa campagne présidentielle.
Alors que le réquisitoire est tombé (7 ans de prison et 300 000 € d’amendes requis par le PNF), la défense de l’ancien président s’enfonce dans l’indignité. Rappelons le contexte :
En 2011, Fabrice Arfi, journaliste chez Mediapart, publie un article accablant sur Nicolas Sarkozy. Malgré une plainte de ce dernier, Mediapart révèle plusieurs éléments qui poussent la justice à ouvrir une enquête. Plus de 10 ans plus tard, un faisceau d’indices issu d’une enquête impressionnante (1 300 procès-verbaux, 60 perquisitions, 500 scellés, 180 auditions) conduit le PNF à un réquisitoire très lourd.
Face à cela, la défense reste inchangée : on accuse les « juges rouges », un acharnement, un procès politique, une affaire montée de toutes pièces. Une défense qui rappelle étrangement celle de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires. On voudrait donc traîner Nicolas Sarkozy dans la boue, le discréditer… Quelle drôle d’idée. Celui qui a réussi à perdre une présidentielle contre François Hollande, qui a échoué dans tous ses retours en politique, et qui a même été éliminé dès le premier tour d’une primaire à droite, serait une cible à abattre pour ses adversaires politiques. Décidément, le camp du « réel » a une vision bien particulière de la vérité.
Un autre argument insidieusement glissé dans le débat public est que la justice serait bien plus dure avec lui qu’avec un quidam. La bonne blague ! Depuis toujours, la classe politique se sert dans la caisse, utilise les moyens de l’État à des fins personnelles, exerce des pressions sur les uns et les autres. Qui pourrait croire qu’un prolétaire pourrait faire le quart de ces choses-là sans être jugé et enfermé ? Jacques Chirac, condamné pour avoir détourné 30 millions de francs, avait déclaré :
« Ce procès donne tort aux démagogues qui soutiennent que, dans notre pays, la justice serait sévère aux faibles et complaisante aux puissants. En république, la justice est la même pour tous. »
Si chacun d’entre nous pouvait voler plusieurs millions et s’en sortir avec du sursis vingt ans plus tard, il fallait nous le dire.
Nos politiques caladois ne sont pas en reste ; ils maîtrisent aussi bien que leurs homologues parisiens le détournement de fonds, les financements occultes et le trafic d’influence. On pourrait parler de l’ex-président de région Laurent Wauquiez, qui organise un dîner des sommets à 1 100 € par invité. À ce propos, le rapport de la Cour des comptes déclare :
« Les dîners des sommets ont été organisés dans des conditions peu transparentes et dans le but principal de promouvoir l’image personnelle du président du conseil régional (seul élu présent aux dîners) pour un coût total de 178 428 €. »
Mais la Calade possède son propre champion local en matière de détournement d’argent public. Il y a bientôt un an, Bernard Perrut, ex-maire de Villefranche (2008-2017) et député de notre circonscription (1997-2022), a été condamné à un an de prison avec sursis pour détournement de frais de mandat. 87 500 € de ses indemnités représentatives de frais de mandat (IRFM) ont été utilisés à des fins personnelles. Rappelons qu’il est membre du conseil départemental du Rhône, qui s’est récemment déchargé d’une partie du financement de la prévention spécialisée, et que cet argent public aurait pu éviter cette malheureuse coupe budgétaire.
En position de pouvoir, souvent depuis l’enfance, les professionnels de la politique se sentent souvent dans une situation d’impunité. Et quand la justice les rattrape, ce ne peut être qu’une « cabale politique ». Les carriéristes, les bourgeois, les barons locaux et les personnalités publiques… la politique est une chose trop importante pour être laissée à ces gens-là, aux sachants et aux autocrates ; elle doit devenir le domaine des amateurs, des gens ordinaires. Organisons-nous, reprenons le pouvoir qui est le nôtre !