LE JOURNAL DES MILITANTS CALADOIS

Prévention spécialisée : quand la mairie enterre la jeunesse en silence

C’est presque fait. Discrètement et sans grande visibilité médiatique : le service de Prévention Spécialisée de Villefranche sur Saône, essentiel pour les jeunes en difficulté, est sur le point de fermer ses portes. Une suppression qui se fait sous les radars, sans débat public. Pourquoi ? Parce qu’au fond ces jeunes, ces familles en souffrance, ces éducateurs de rue qui réalisent un travail vital mais invisible… tout ça ne semble pas intéresser le Conseil de Monsieur Thomas Ravier.

Mais alors, qu’est-ce que la prévention spécialisée ? Ce n’est pas une structure administrative ou une file de rapports bien rangés. C’est un réseau d’éducateurs de rue, qui interviennent directement auprès des jeunes là où ils sont, avant que la police ou la justice n’interviennent. Ces professionnels du social soutiennent des jeunes en rupture, des ados perdus, des jeunes adultes en quête d’un travail ou d’une place dans la société. Ce sont eux qui évitent les dérives et aident discrètement des familles en détresse. Un travail humain, concret, et essentiel.

La suppression du service n’est pourtant pas une décision imposée par le Conseil Départemental, mais une réforme qui charge désormais les communes de financer 20 % du service, tandis que le Département prend en charge les 80 % restants. La mairie de Belleville a accepté cette nouvelle règle, mais à Villefranche, la municipalité a refusé. Traduction : la mairie a décidé, en toute connaissance de cause, de sacrifier ce service vital pour nos jeunes.

A-t-on entendu un grand débat public sur cette fermeture ? Des discussions sur ce que cela implique pour notre ville ? Des élus locaux, à l’exception de l’opposition, se sont-ils mobilisés pour exprimer leur désaccord ? Non. La fermeture d’un service vital est traitée comme une simple ligne budgétaire à rayer. La mairie, elle, reste silencieuse. On entend le discours habituel : “on redéploie les moyens autrement”, “ce n’est pas dans nos compétences”. Des éléments de langage qu’on retrouve à chaque fois qu’un service public est sacrifié (rappelons-nous la fermeture du centre de santé dentaire de la CPAM fin 2024). Mais dans la réalité, ceux qui travaillaient sur le terrain ne sont plus là, et ceux qui avaient besoin d’eux se retrouvent abandonnés.

Aperçu au rassemblement à l’appel des salariés du service le 31 janvier 2025 | © Instagram – @iamthevalt

La suppression de la prévention spécialisée ne signifie pas juste la fermeture d’un service : elle équivaut à moins de soutien pour les jeunes en rupture, moins d’écoute pour les familles en détresse, moins de relais entre la rue et les institutions. Concrètement, cela signifie plus de jeunes livrés à eux-mêmes, plus de tensions, plus de faits divers qui seront utilisés pour justifier des politiques sécuritaires. C’est un cercle vicieux qui sert la politique de droite : couper dans les services sociaux pour justifier ensuite des mesures plus répressives.

La décision de la mairie est claire : la jeunesse en galère ne semble pas être une priorité. Mais cette situation peut-elle être acceptée sans réagir ? Doit-on se contenter d’un fatalisme qui laisse notre ville se vider de ses services publics ? Non. Des pistes de réflexion sont en train de se construire, menées par des élus d’opposition comme Michèle Montagnier et Etienne Alombert, ainsi que par le Front Populaire Beaujolais et les syndicats Solidaires et CGT. Des groupes de travail ont été mis en place pour organiser des actions concrètes. Les 150 familles qui risquent de perdre l’accompagnement quotidien de leurs éducateurs ne doivent pas se laisser sans voix.

Il est temps de mettre la mairie face à ses responsabilités, de rappeler que la jeunesse n’est pas un budget qu’on réduit en silence mais un enjeu social et politique majeur. L’histoire a montré que les reculs sociaux ne s’arrêtent jamais d’eux-mêmes.

Lucas Cortella

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